Saint-Pée-sur-Nivelle : de la Galice à la Norvège, Vincent Kerserho va parcourir 12 000 km à vélo (article du journal Sud-Ouest publié 29/06/2024)

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Saint-Pée-sur-Nivelle : de la Galice à la Norvège, Vincent Kerserho va parcourir 12 000 km à vélo

Saint-Pée-sur-Nivelle : de la Galice à la Norvège, Vincent Kerserho va parcourir 12 000 km à vélo
Vincent Kerserho s’apprête à traverser près de neuf pays : de l’Espagne à la Norvège, en passant par l’Allemagne et la France. © Crédit photo : N. G.
Par Nicolas Gréno – saintjeandeluz@sudouest.fr

Un an après avoir parcouru l’équivalent du Tour de France 1926, le plus long de l’histoire, le Senpertar Vincent Kerserho s’est lancé un défi de taille : rallier le Cap Finistera, en Galice, au Cap Nord, en Norvège à vélo. Il s’élancera ce lundi 1er juillet pour 12 000 kilomètres. Il rejoindra Paris le 26 juillet à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques

Il déploie une carte. Puis une seconde. « Les vieilles bonnes cartes Michelin », blague Vincent Kerserho. Sur la première, l’Hexagone. Sur la seconde, la Scandinavie. Deux de ses prochaines destinations ces 12 prochaines semaines. « C’est un vieux plan, qui date de mon voyage en Norvège en 1994. Il va falloir que je le rescotche, glisse-t-il. Le papier, c’est pas mal pour se situer, se projeter. Il y a Google Maps aussi mais parfois, ils font des blagues. Je me suis retrouvé à maintes reprises dans des champs de pommes de terre. J’ai l’impression que les infrastructures se sont surdéveloppées depuis les années 80-90 : il y a beaucoup de voies rapides et des petites routes ont disparu. Le mieux, c’est de suivre des cyclistes s’entraînent, qui connaissent le coin. Après, on discute le bout de gras. »

« Je m’impose un rythme assez soutenu mais je ne fais pas ça pour me faire remarquer »

Ses rencontres avec des amoureux de la petite reine se sont multipliées ces deux dernières années. En 2022, Vincent Kerserho a parcouru 1 800 km en 13 jours. « Et j’avais encore du jus », s’exclame-t-il. Tellement, qu’il a enchaîné sur la Transpyrénéenne. « Je ne savais que j’étais capable d’accomplir cette performance. Je m’impose un rythme assez soutenu mais je ne fais pas ça pour me faire remarquer. Ça me plaît, c’est un réel plaisir, raconte cet ancien coureur amateur. Plus jeune, je voulais me lancer dans une carrière professionnelle mais mon père, qui était ingénieur, m’en a dissuadé. Il m’a dit que je n’aurais jamais gagné ma vie là-dedans. »

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Sur les traces des forçats

L’an dernier, Vincent Kerserho a décidé de passer à la vitesse supérieure, de changer de braquet. Le Senpertar a parcouru la France en long, en large et en travers. Il s’est lancé un pari : celui de reproduire, quasiment à l’identique, le tracé du Tour de France 1926. Le plus long de l’histoire. Un périple de 6 000 km, bouclé en l’espace de six semaines. « Les années 1920, c’était l’époque héroïque du cyclisme. Les participants étaient tous amateurs. C’était des aventuriers, des guerriers. Les routes étaient blanches, pas goudronnées, il y avait du gravier, du sable. Et puis le matériel n’était pas le même. Les vélos étaient lourds, sans dérailleur. Il n’y avait pas d’assistance mécanique. Quand ça cassait, il fallait réparer. »

« Les étapes marathon me donnent des indications importantes et précises sur mon état de combativité et d’endurance. » Dès la première, entre Bayonne et Royan (330 km en moins de 24 heures), « j’étais fixé sur ma forme et mes motivations. J’ai su alors que j’étais en mesure d’accomplir l’intégralité du parcours. Pour tenir, il faut bien s’alimenter, bien s’hydrater et trouver un bon rythme, le bon braquet. Après il faut s’y tenir. »

Un homologue de 80 ans

La vitesse n’empêche pas de contempler la « magnifique richesse culturelle du pays, ajoute-t-il. La France est une mosaïque de régions qui s’imbriquent les unes aux autres ». En plus de la route des cathédrales, des plages du Débarquement ou de la baie de Somme, Vincent Kerserho est passé par Verdun. « J’ai visité le théâtre de la guerre 14-18. C’était très émouvant, intéressant, chargé d’histoire. » En amorçant la descente vers Nice, il s’est rendu à Saint-Tropez. « C’est un mythe, au même titre que la tour Eiffel ou le Mont Saint-Michel », sourit ce passionné, tombé nez à nez, à trois ou quatre reprises, avec le grand barnum du Tour 2023. À Belfort, notamment. « Sans le vouloir, je n’avais pas fait exprès ».

Une fois à Foix, « au pied des Pyrénées, je me suis enfin senti à la maison », se souvient le Basque, qui a franchi les frontières belges, allemandes, suisses et italiennes. Tous ses trajets ont été reportés avec minutie sur son passeport. Un journal de bord qui lui permet de savoir où il se trouvait à une date précise. Un document qu’il fait signer à tous les hôteliers et restaurateurs qu’il croise sur sa route. Son portable regorge également de photos et vidéos. Elles s’accumulent au gré des rencontres. « Je me souviens avoir vu un Allemand qui faisait le tour des Alpes : 80 ans, le monsieur ! Impressionnant. Le vélo attire la convivialité, ça crée des liens. Il arrive que des gens me posent tout plein de questions : ils sont intrigués de voir une personne qui circule avec des sacoches. »

Un hommage aux Jeux

Cette aventure en 2023 a encore davantage aiguisé son appétit de challenges. Le prochain ? Relier le cap Finisterre en Galice, « mythique pour les marcheurs de Compostelle », au Cap Nord en Norvège, « mythique pour les motards ». Le cyclosportif devrait rouler durant 12 000 km (aller-retour) et effectuer près de 1 000 bornes de moyenne par semaine. L’équivalent de quatre Tours de France. Des chiffres qui donnent le tournis. « Je conçois que ce défi soit hors norme, surtout en solo et sans assistance », lâche-t-il.

« Après être allé voter », précise-t-il, Législatives obligent, Vincent Kerserho prendra le départ ce lundi 1er juillet depuis la place Louis XIV de Saint-Jean-de-Luz, pour un prologue de 20 km. Dans la foulée, il s’élancera, vers 3 heures du matin, pour une première étape marathon de 300 bornes sur son VTT, direction Burgos puis Saint-Jacques-de-Compostelle avant de pousser jusqu’au Cap Finisterre.

Une fois revenu à Bayonne, il prendra la tangente direction Paris – sur sa toute nouvelle bicyclette, « un Gravel que j’ai monté pièce par pièce » – afin de participer à la fête olympique le 26 juillet. Invité par la municipalité à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux, cet « enfant de Paris » a vécu dans la capitale plus de quatre décennies. « Je voulais humblement rendre hommage au centenaire des Jeux à Paris, à l’esprit olympique ainsi qu’à ses valeurs de partage et de dépassement. » À son père aussi, avec qui il a enchaîné les grandes traversées. « 1924, c’était son année de naissance. »

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« J’ai toujours les mêmes jambes qu’à 20 ans et les médecins m’ont encouragé à continuer », certifie ce rouleur de l’extrême qui devrait renfourcher sa monture en 2025. Avec Christelle, rencontrée en 2022, à Foix. Cette maraîchère et éleveuse de veaux de lait a pour projet « de donner des conférences et d’échanger avec des producteurs et restaurateurs partout en France ». Cette fois, les étapes devraient être plus courtes.

Soutenu par Hinault

« J’ai deux ans de moins que mon mentor Bernard Hinault (NDLR : quintuple vainqueur du Tour de France). Cela forcera les lecteurs à chercher des renseignements sur Internet et à sortir leur calculatrice », sourit cet ancien enseignant dans le premier degré. Issu de « deux terres de cyclisme », ce Basco-breton d’origine a eu l’honneur de recevoir un courrier signé par la légende du cyclisme français, le 6 décembre dernier. « Vincent, je vous adresse ces quelques mots pour vous encourager dans votre défi sportif. Je ne doute pas que vous possédez toutes les qualités et les compétences requises pour réussir ce périple au vu de vos performances cyclistes déjà réalisées. Je vous souhaite une bonne route. »

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